janvier
2005
Texte unitaire
Signataires en bas de page
L'ACCÈS À
LA CULTURE N'EST NI UNE MARCHANDISE NI UN PRIVILÈGE !
Le Louvre utilise largement son autonomie tarifaire pour mener
une politique de plus en plus mercantile. Non seulement, en
février 2004, le prix d'entrée augmentait de 13%
- ce qui fait du Louvre l'un des musées les plus chers
au monde, le tarif réduit accordé après
15h et le dimanche disparaissait, mais, depuis 1er septembre,
la direction de l'Établissement a réduit de manière
drastique l'accès gratuit aux collections qu'elle est
censée présenter au plus grand nombre dans le
cadre de ses missions de service public.
Les enseignants, les artistes et les étudiants en art
de plus de 26 ans ou étrangers en sont les premières
victimes. Il existe pourtant des raisons objectives pour justifier
leur libre accès aux musées : devoir de transmission,
d'éducation, formation continue, artistique et professionnelle,
etc. qui étaient reconnus depuis longtemps comme indispensables
à un travail de démocratisation de la culture.
Dans le même temps, la gratuité est donnée
à des milliers de salariés d'entreprises mécènes
du Louvre (30 800 salariés du Crédit Lyonnais
jusqu'en 2009, les 3 800 d'Accenture jusqu'en 2006, les 100
000 d'Ernest & Young, les 130 000 salariés de Total
jusqu'en 2014). Elle s'inscrit dans une politique de contrepartie
exigée par des mécènes de plus en plus
préoccupés avant tout par la valorisation de leur
image auprès de leurs clients comme de leurs salariés.
Nous sommes tout à fait favorables à ce que l'accès
à la culture soit facilité aux salariés,
mais celui-ci ne doit pas se faire au détriment de celles
et ceux pour lesquels il revêt une nécessité
professionnelle.
La mobilisation récente des artistes et des enseignants
a obligé la direction du Louvre à revoir sa position
en rétablissant la gratuité, à compter
du 20 décembre 2004, mais pour les seuls adhérents
de l'association Maison des Artistes (qui regroupe 9 000 adhérents,
ce qui est une minorité au regard des 35 000 professionnels),
et ce sans condition de professionnalité. Une gratuité
conditionnée à la signature d'une Convention non
rendue publique entre l'association et le Musée du Louvre.
Il y n'y a donc pas " gratuité " mais prestation
contrainte pour regagner ce droit. De même, les étudiants
de l'École du Louvre sont " invités "
par une convention analogue à devoir rendre des prestations
de services (bien entendu sans rémunération) pendant
les " nocturnes jeunes " afin de préserver
leur accès gratuit au musée, ou encore les enseignants
sont " remerciés " par la gratuité s'ils
amènent annuellement un groupe d'élèves
dans une visite pédagogique.
L'exclusion des 35 000 artistes professionnels, reconnus comme
tels par le régime de sécurité sociale
qui leur est propre, du libre accès au Louvre ainsi que
des étudiants en art ou des enseignants prouve que le
musée recherche avant tout une rentabilisation de sa
gratuité afin de trouver des bénévoles
professionnels ou en formation pour assurer le développement
de sa mission de médiation vers le public.
Dans un budget contraint et un désengagement de l'État,
les emplois nécessaires à cette mission ne sont
évidemment pas une priorité et le musée
doit trouver des solutions pour y remédier ! Ces mesures
viennent couronner une longue suite de régression : restriction
de la gratuité pour tous à un dimanche par mois,
augmentation régulière des droits d'entrée
au regard du pouvoir d'achat, compression et précarisation
du personnel, fermeture des salles par roulement, externalisation
de certains services ou emplois, etc.
Cette politique s'inscrit, au Louvre comme ailleurs, dans une
logique globale de remise en cause du service public sous couvert
de sa réorganisation administrative et de sa prétendue
réforme !
Parce que nous sommes attachés à la mission éducative
de service public du Louvre, parce que nous estimons que les
collections patrimoniales sont le bien commun de tous, parce
que nous refusons de les livrer aux appétits des intérêts
marchands :
- nous exigeons l'abandon de cette politique de régression
scandaleuse et
inacceptable menée par l'administration du Louvre avec
l'assentiment de son Ministère de tutelle ;
- nous revendiquons le retour à la gratuité sans
restriction pour tous ceux qui viennent d'en être exclus.
Au delà, nous réclamons l'ouverture de l'ensemble
des salles des musées avec les moyens humains et budgétaires
adéquats, le développements des missions de médiation
culturelle, l'instauration d'un véritable débat
public sur une politique de gratuité qui profiterait
au plus grand nombre et sur la politique culturelle et son financement
dans son ensemble.
Premiers signataires :
Syndicat National des Artistes Plasticiens SNAP-CGT, Louvre
pour Tous, Intersyndicale Ministère de la Culture (CFDT,
FSU, SUD, UNSA), Fédération FSU, Comité
des Artistes-Auteurs Plasticiens CAAP, Syndicat
National des Designers Textiles SNDT, Syndicat National des
Sculpteurs et Plasticiens, Union Nationale des Peintres Illustrateurs
UNPI, Union des
Photographes Créateurs UPC, Collectif des enseignants
pour la gratuité des musées nationaux, SUD-Educ,
SUD-Etudiants, G10 Solidaires-Paris, Réseau Stop Précarité...
Pour rejoindre la liste des signataires, envoyez un mail à
:
[email protected]
Infos et pétition sur le site http://louvrepourtous.site.voila.fr
Contact : Bernard Hasquenoph
: 06-2057-6032
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